A ISH 2023, la ventilation, c’est double flux ou rien

Au salon ISH, les solutions de ventilation sont commercialisées par toutes sortes d’entreprises, les spécialistes, mais aussi les grands du chauffage et de la pompe à chaleur.

Premier constat à propos de ventilation à ISH, tout le monde en vend, ou presque. Bien sûr les spécialistes de la ventilation, de Arex à Helios, en passant Maico, en commercialisent. Mais, deuxièmement, bon nombre de fabricants de pompes à chaleur, comme Daikin, Nibe ou Panasonic en proposent également, ainsi que les fabricants de chaudières de Bosch Thermotechnologie à Wolf, en passant par Vaillant, Viessmann ou le groupe BDR Thermea.

Pascal Poggi pour Batimédia

Ces fabricants de pac et de chaudières incorporent leurs caissons de ventilation à des offres globales de confort pour le logement, parfois même pour le tertiaire. Pour l’essentiel, ces offres de non-spécialistes ne sont pas disponibles sur le marché français : depuis des années Bosch, Vaillant, Viessmann ou BDR Thermea qui se prononce De Dietrich ou Chappée en France, n’ont « pas encore décidé » de se lancer dans la ventilation qu’ils commercialisent partout ailleurs en Europe. Doc. Bosch Thermotechnologie

Nibe, par exemple, propose d’associer son caisson de ventilation double flux NIBE ERS S40 -350 qui affiche un taux de récupération de chaleur de 85% et un pilotage en fonction d’une détection du taux d’humidité ambiant, à l’une de ses pac géothermique de sa gamme S ou une pac air/eau de ses gamme VVM ou SMO. Ce qui permet, en profitant de la plateforme de communication intégrées dans les pompes à chaleur, d’ajouter le caisson de ventilation à l’application NIBE pour un pilotage plus fin et même, après accord de l’utilisateur, d’envoyer des données de fonctionnement à l’entreprise de maintenance.

Leur réticence est largement due au fait que la France demeure attachée à la ventilation simple flux en logement et ne laisse qu’une place relativement étroite à la ventilation double flux : rien ou presque en construction neuve de logement, alors que c’est la règle en construction neuve tertiaire. Presque rien non-plus en rénovation de logement, alors que les solutions double flux sont très largement utilisées en rénovation des bâtiments tertiaires. Du coup, comme on ne fait pas de double flux en logement, le nombre de concepteurs et d’entreprises qualifiées pour le double flux est réduit. Ce qui augmente les prix et décourage encore plus les Maîtres d’Ouvrage à se lancer dans le double flux en logement. L’intervention, il y 18 mois, d’une fiche MaPrimeRénov’ sur la mise en place de caissons double flux en rénovation de logement n’a pas vraiment changé la donne. Un projet de modification du label BBC Rénovation prévoit en logement l’obligation de traiter la ventilation pour atteindre le niveau BBC Rénovation 2023 et même le niveau BBC Rénovation – Première étape. Nous verrons quelle influence cela aura sur la diffusion des technologies double flux en logement.

Troisième point, il existe à ISH 2023 une offre très large de ventilation double flux pièce par pièce. Elle était initialement destinée à la rénovation, mais s’étend depuis à la construction neuve.

Certains industriels français augmentent leurs offres en faisant l’acquisition de marques européennes. Par exemple, le groupe Aldès avait acheté la marque danoise Exhausto, spécialiste de la ventilation tertiaire et importé en France leurs caissons extra-plats qui se logent dans un faux-plafond en bureaux. En 2022, Aldès a acquis Aereco, plutôt spécialiste de la ventilation domestique. Les deux marques partageaient un stand à ISH 2023.

Regardons les diverses offres de plus près.

Un élargissement de gamme vers le tertiaire

Comme on l’observe en sanitaire, les spécialistes de la ventilation, souvent issus de la ventilation en maison individuelle et en logement collectif, élargissent désormais leurs offres au tertiaire, notamment aux locaux scolaires, particulièrement aux locaux scolaires existants. En Allemagne, le double flux est toujours assorti d’une récupération de chaleur sur l’air extrait, parfois d’une récupération de fraîcheur pour les bâtiments climatisés. Le taux de récupération de chaleur n’est jamais inférieur à 80%. Il dépasse 90% pour les caissons labellisés par le Passivhaus Institute de Darmstadt. Concrètement, cela signifie que même pour des températures extérieures négatives, le flux d’air neuf en sortie de l’échangeur de récupération de chaleur ne descend pas en dessous de è ou 8°C, avant mélange et avant passage à travers une éventuelle batterie chaude. Ce qui accroît le confort et minimise les consommations d’énergie.

Pascal Poggi pour Batimédia

Helios, par exemple, qui aura 100 ans cette année, proposait à ISH son nouveau caisson AIR1-XVP destiné aux écoles maternelles et aux crèches. C’est un caisson compact, malgré ses débits d’air variant de 850 à 3500 m3/h. Le caisson est posé verticalement contre un mur et donne accès directement en façade à tous les organes qui doivent faire l’objet d’une maintenance : changement de filtres, etc. Ce caisson sera disponible en juin 2023. Pour les plus petits locaux scolaires ou pré-scolaires, Helios recommande les quatre nouveaux modèles de sa gamme XHP qui offrent des débits d’air nominaux de 750 à 2 500 m3/h. doc. Helios Ventilatoren

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Pour les grandes maisons jusqu’à 380 m² – oui, c’est grand – ou le petit tertiaire, un cabinet médical par exemple, Helios proposait à ISH la nouvelle version de son caisson double-flux mural KWL 470 W qui propose un débit d’air nominal de 320 m3/h à 470 m3/h. Il peut être programmé, asservi à une détection de présence ou encore à une sonde ou plusieurs sondes de détection de pollution intérieure, dont humidité, CO2, différents COV, de manière à moduler le débit d’air en fonction des réels besoins. doc. Helios Ventilatoren

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Chez l’allemand Maico, le nouveau caisson double flux WS 120 Trio est extrêmement compact. Il est conçu pour ventiler des locaux jusqu’à 100 m² et se pose horizontalement. Il est connectable en divers protocoles de communication : Air@home, le protocole propriétaire de Maico, mais aussi Modbus, KNX et enOcean (sans pile sans fil).

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Le caisson Maico WS 120 Trio peut être complété en sortie d’air par l’amortisseur acoustique. Il offre un affaiblissement acoustique important et jusqu’à 6 couples entrées/sorties d’air.

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Ceci est un caisson de ventilation Bosch double flux VENT 4000 CC avec récupération de chaleur – son taux de récupération de chaleur atteint 93% – et silencieux en entrée et reprise d’air. Il est vendu à travers toute l’Europe, du Portugal à la Pologne, mais pas en France. Pour le logement individuel, Bosch montrait aussi à ISH 2023, son caisson double flux mural VENT 5000 C – débit d’air de 260 à 450 m3/heure et taux de récupération de chaleur de 90% – qui ne sera pas non plus proposé en France.

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La pompe à chaleur au R290 Compress 5800i de Bosch – elm leblanc, en France –, avec une liaison en eau entre l’unité intérieure et extérieure, offre une température de départ d’eau de 60°C pour une puissance de 4 à 7 kW. Elle est proposée en Allemagne en association avec le caisson de ventilation double flux mural VENT 5000 C. Les deux appareils sont pilotés ensemble par la même application et peuvent fonctionner automatiquement pour maximiser le confort et la qualité d’air intérieur, tout en minimisant les consommations d’énergie.

Pascal Poggi pour Batimédia
Pascal Poggi pour Batimédia

Pour le tertiaire, on voit à ISH des appareils multifonction, tel ce convecteur en caniveau de Kaufmann. Il assure le chauffage et le rafraîchissement grâce à son raccordement 2 tubes à change-over ou quatre tubes et deux échangeurs. Mais aussi la ventilation double flux avec récupération de chaleur.

Pascal Poggi pour Batimédia

En Allemagne, Daikin s’associe à deux fabricants de caissons double flux – Pluggit et Ducobox – pour proposer des offres globales en construction neuve et en rénovation autour de ses pompes à chaleur Altherma. L’intégration est poussée au point où l’application Daikin pilote les caissons de ventilation.

La ventilation double flux pièce par pièce

On trouve à ISH 2023, littéralement des dizaines d’offres de ventilation double-flux par pièce. Elles résolvent une difficulté bien connue, mais trop souvent négligée. En rénovation, lorsqu’on change les fenêtres, si les nouvelles sont correctement posées, elles deviennent étanches à l’air. Dans un logement ancien, complètement dépourvu de ventilation mécanique, comme c’est très très fréquent, les flux d’air parasites qui contribuaient à la ventilation disparaisse et le logement n’est plus ventilé. Installer un système de ventilation centralisé en logement existant peut être difficile.

Les allemands ont donc inventé, il y a une quinzaine d’années, les caissons double flux par pièce. On en trouve de deux sortes : soit avec flux continu à l’extraction et à l’insufflation, donc deux conduits, soit avec un seul conduit et un fonctionnement en alternance. Dans ce derniers cas, un échangeur de chaleur se charge lors du flux extraction, accumule la chaleur de l’air extrait, puis se décharge lorsque le flux d’air s’inverse et passe en insufflation. Le rendement de récupération de chaleur des caissons individuels à deux conduits dépasse 80% pour les moins performants. Celui des caissons à flux alterné culmine à 65%.

Pascal Poggi pour Batimédia

Le pionnier du double flux individuel par pièce est l’allemand bluMartin, devenu membre du groupe Swegon. Il n’a cessé d’améliorer le rendement de ses caissons et de réduire leur bruit. Il dispose d’une offre à la fois pour la construction neuve et pour la rénovation. Et certains caissons de sa gamme freeAir sont certifiés par le Passivhaus Institut (PHI) de Darmstadt en tant que « composants passifs ». Le caisson freeAir 100 est asservi à 8 sondes différentes : 1 sondes de CO2, deux sondes d’humidité relative, 4 sondes de température ambiantes et une sonde de pression d’air extérieure. Son taux de récupération de chaleur dépasse 90% (87% selon le PHI) pour des débits d’air de 8 à 100 m3/heure. Pour organiser la distribution d’air dans le logement sans poser de gaines de ventilation, bluMartin propose la boîte intelligente freeAir.plus. Elle se pose à travers les murs et cloisons intérieures. Pour un logement de deux pièces avec chambre, séjour, cuisine et salle de bains, il suffit d’une freeAir.plus selon bluMarin. Elle offre un débit de transfert de 30 à 70 m3/heure qu’elle module en fonction des informations de sondes de détection de COV, d’humidité relative et de température.

Pascal Poggi pour Batimédia
Pascal Poggi pour Batimédia

Chez Maico, un caisson double flux à flux alterné ressemble à ça. L’échangeur récupérateur de chaleur est au milieu du tube. Le caisson comporte un seul tube et un seul ventilateur. Le rendement de récupération atteint 61%.

Pascal Poggi pour Batimédia

Ceci est un échangeur de chaleur rotatif fabriqué KASTT, une filiale de Vinci Energies. Nous leur avons demandé si Vinci Energies s’en servait en France. Ils ne savaient pas trop. Nous allons donc demander à Vinci Energies pourquoi ils possèdent un fabricant d’échangeurs rotatifs à haut rendement et ce qu’ils vont en faire.