« RE2020 : les annonces faites, les doutes restent »

C’est lors d’une conférence de presse, le 24 novembre, que les Ministres B. Pompili et E. Wargon ont annoncé les derniers arbitrages structurants de la prochaine réglementation dans la construction neuve, la RE2020. Au-delà du caractère médiatique donné à l’annonce dont la brutalité a créé la surprise au sein des acteurs, c’est bien le fond qui a parfois laissé sans voix. Coénove livre son analyse, sans détour ni faux semblant. Si elles étaient attendues, les dernières annonces concernant la RE2020 laissent comme un goût amer. Si le renforcement annoncé du Bbio visant à diminuer les besoins pour tous les bâtiments va dans le bon sens, le niveau de baisse annoncé (30%) interpelle sur les surcoûts à la construction auxquels devront faire face les maîtres d’ouvrage, d’autant plus dans le contexte actuel de crise économique du secteur. Même sentiment d’inachevé quant au sort annoncé pour le chauffage électrique à effet joule : au-delà de la volonté farouchement réaffirmée par les Ministres de ne pas faire revenir en masse ce moyen de chauffage non performant, aucune précision n’a été apportée sur la valeur retenue pour le Cep nr (Consommation d’énergie primaire non renouvelable), seul indicateur à même de transformer ce vœu pieu en réalité. Mais au-delà des questionnements légitimes, il y a aussi beaucoup d’incompréhension.

« Nous sommes déçus par la volonté exprimée, voire la fierté, de sortir le gaz de la construction neuve sans distinguer le gaz fossile du gaz renouvelable » témoigne Bernard Aulagne, président de Coénove.

Alors que la nouvelle réglementation fait du carbone un indicateur majeur, nécessitant temps d’appropriation et progressivité, cet amalgame sonne comme une fausse note. En lieu et place de progressivité, il s’agit bel et bien d’une rupture, se traduisant par une volonté d’exclusion du gaz naturel de la construction neuve.

Pour Bernard Aulagne : « Proposer un seuil carbone en exploitation (Eges_Energie) à 4 kg CO2/an.m² en maison individuelle dès 2021 – seuil soit dit en passant bien plus faible que les valeurs proposées lors de la concertation – revient clairement à exclure rapidement les chaudières gaz THPE de ce marché. »

Si la situation n’est pas aussi critique en logement collectif avec un seuil de 14 kg CO2/an.m² dans un premier temps, laissant une place à toutes les solutions performantes, la supposée progressivité d’ici 2024 questionne et s’apparente plus à un fossé qu’à une véritable marche avec une diminution de plus de 100% de la valeur cible ! Au final, il est à craindre qu’« en voulant se donner les moyens de ses ambitions » pour reprendre les propos de la Ministre et pour donner des gages à la Convention Citoyenne pour le Climat dans une période de relations tendues, cette réglementation dont l’attendu était d’encourager l’innovation, ne conduise qu’à l’exclusion. Il est regrettable que la mesure n’ait pas été prise de la juste contribution du gaz renouvelable, et plus particulièrement du biométhane, parmi les solutions d’avenir, alors même que le dispositif Méthaneuf a été présenté à l’Administration il y a déjà plus d’un an et qu’il répond tant aux objectifs de décarbonation que de développement de chaleur renouvelable additionnelle.

LA FILIERE GAZ A TOUJOURS ETE UN CONTRIBUTEUR ENERGETIQUE DE CHOIX A LA SATISFACTION DES ACTEURS DE LA CONSTRUCTION NEUVE. PARCE QUE LE GAZ SERA DEMAIN PLEINEMENT RENOUVELABLE, IL N’Y A PAS DE RAISON LEGITIME DE LUI INTERDIRE CE MARCHE.