Avant le 1er janvier 2027, les bâtiments dont la puissance de chauffage ou de climatisation est ≥ 70 kW devront se mettre en conformité avec les exigences du Décret BACS. A partir de 70 kW de puissance, ce sont comparativement de petits bâtiments. Dans leur cas, les solutions BACS doivent être simple à déployer, peu coûteuses et simplissimes à utiliser. Nous en avons trouvé plusieurs, aucune totalement satisfaisantes. Toutes font largement appel à l’IoT (Internet des objets) et à des protocoles de communication encore peu répandu dans le monde du bâtiment, comme LoRa ou Sigfox, même si ZigBee est bien présent.
Quatre missions pour respecter le décret BACS
Après avoir présenté en détail le décret BACS, énuméré quelques solutions destinées aux grands bâtiment tertiaires. Voici celles qui s’appliquent aux petits bâtiments. En effet, 70 kW en chauffage, c’est environ 1000 M² pour les bâtiments de plus de 20 ans et peut-être pas plus de 800 m² pour les bâtiments climatisés de plus de 20 ans.
Pour respecter le décret BACS, il faut assurer quatre missions :
1- Recueillir les données sur le fonctionnement du bâtiment. On ne peut pas piloter ce qu’on ne connaît pas. Respecter le décret BACS commence donc par le déploiement de sondes d’acquisition de données : température intérieure et extérieure, humidité relative, présence, éclairage, qualité de l’air intérieur, comptages d’électricité, de gaz, d’eau, de chauffage urbain le cas échéant, …
2- Centraliser ces données pour pouvoir ensuite les analyser. Le cœur du BACS dans n’importe quel bâtiment, mais notamment dans les petits bâtiments, est un automate capable de rassembler toutes les données acquises par les diverses sondes et capteurs dont il est équipé.
3- Analyser et restituer clairement les données. Une fois rassemblées, les données sont analysées sur place ou bien poussées vers le Cloud aux fins d’analyse. Dans le cas des petits bâtiments, elles doivent ensuite être restituées de manière particulièrement claire et pédagogique, car ces bâtiments ne disposent pas de personnels dédiés à leur pilotage. Le cas des établissements à multiples implantations est particulier. Les centaines d’agences d’une banque, par exemple, peuvent toutes être rassemblées sous un même superviseur en ligne, avec, en permanence, du personnel chargé de l’analyse des données.
4- Disposer de moyens d’action connectés dans le bâtiment : des moteurs de vannes, de registre sur l’air, des générateurs de chaleur et/ou de froid connectés et pilotables. Je suis beaucoup trop souvent surpris en visitant des bâtiments existants juste avant leur rénovation, de constater à quel point ils ne sont pas équipés : pas de régulation générale, aucune possibilité de réguler par zone homogène, … aussi bien en chauffage qu’en rafraîchissement.
Autant le dire tout de suite, aucune des solutions que nous avons trouvées ne prend en charge ces quatre missions de manière complète. La quatrième, notamment, est régulièrement ignorée, malgré son importance.
Huit solutions identifiées
Nous avons trouvé huit solutions adaptées aux petits bâtiments. Il y en a sûrement d’autres. Parmi les huit solutions découvertes, certaines comme Wattsense, Smart & Connective, Citron, Adeunis, Arcom sont bien établies. D’autres comme Dompilote sont récentes, d’autres encore comme AnolisPro de Solaxial et USEDAROC sont encore en développement. Dans tous les cas, il faudra l’intervention d’installateurs chauffagistes et climaticiens pour les compléter. Wattsense se charge des missions 2 et 3. Associé à Adeunis – missions 1 et 3 – et à Citron – mission 3 -, Watssense arrive à prendre en charge les missions 1, 2 et 3, pas la mission 4. Smart & Connective répond aux missions 1, 2 et 3, ainsi qu’à la mission 4 dans certaines configurations grâce à ses partenaires. Arcom assure les missions 1, partiellement, et 2. Dompilote se concentre sur les missions 2 et 3. Tandis qu’AnolisPro et USEDAROC visent la mission 2 pour des petits bâtiments dispersés. Les deux offres les plus solides et les plus abouties nous semblent être celles de Wattsense et de Smart & Connective, confortés par leurs partenaires respectifs.
L’offre Wattsense
Depuis Octobre 2021, Wattsense appartient à Siemens.
Du coup, l’automate développé par Wattsense pour le pilotage des petits et moyens bâtiments a été rebaptisé « Connect Box ». En amont, cette box pousse les informations collectées vers une supervision locale ou dans le Cloud, en utilisant les protocoles Ethernet (filaire, local), LoRa (protocole sans fil bas débit et longue portée) ou 4G. doc. PP
En aval, la Connect Box est conçue pour connecter tous types d’équipement : capteurs, compteurs, générateurs de chauffage et de climatisation, caissons de traitement d’air et GTB. Si une GTB existe dans le bâtiment, la Connect Box se raccorde à son bus primaire. S’il n’y en a pas, la Connect Box crée un réseau de GTB.Dotée d’une puissance de traitement de données non-négligeable, la Connect Box est tout à la fois un concentrateur, une passerelle entre divers protocoles de communication, un modem et un « edge device ». C’est-à-dire un automate, connecté, mais indépendant en cas de perte de la connexion, capable de traiter localement les données recueillies. Wattsense a publié une liste https://www.wattsense.com/fr-fr/compatibilite/ regroupant les plus de 520 équipements que l’on peut raccorder à sa Connect Box. La box est compatible en aval avec les protocoles Modbus TCP/IP, Modbus RTU, LON IP-852, DIEMATIC (le protocole des chaudières De Dietrich), LoRaWAN, LPB (Local Process Bus, un bus propriétaire de Siemens, utilisé notamment par les régulateurs RVL), MBUS (Meter-Bus est un bus de terrain économique pour la remontée de consommations d’énergie.
Un maître central communique via une paire torsadée avec jusqu’à 250 participants par segment : compteurs de chaleur, compteurs d’eau, compteurs électriques, compteurs de gaz, etc., ainsi qu’avec des capteurs et actionneurs de tout type), KNX, KNX LTE, BACNet IP et MQTT (Message Queing Telemetry Transport, un protocole ouvert de transport de message utilisé en liaison Machine to Machine et en IoT). Cette compatibilité avec de multiples protocoles est atout pour faciliter le déploiement dans les bâtiments existants. Doc. PP
Wattsense ne propose pas de sondes, ni de capteurs. Mais s’associe régulièrement à Adeunis pour cela. A partir de la même box, Watssense propose en revanche une solution d’analyse et de restitution des données locale (Wattsense Bridge) ou dans le Cloud (Wattsense Tower). Mais l’entreprise peut également pousser les données rassemblées vers des services comme Citron qui se chargent d’une analyse approfondie et proposent des recommandations d’actions.
Pour accéder à tous ces services, y compris la mise à disposition d’écrans de supervision paramétrables, Wattsense propose un abonnement qui commence à 200 € HT/an qui englobe l’abonnement LoRaWAN ou 4G. Le prix augmente avec le nombre de points connectés. Doc PP
Smart & Connective
Le français Smart & Connective propose une « GTB Light de classe A ou B, afin de vous conformer au Décret BACS et faire des économies d’énergie pour atteindre les objectifs fixés par le Décret Tertiaire ». Le cœur de leur système sont les automates CEOS qui maillent le bâtiment. Ils sont raccordés les uns aux autres par un réseau Ethernet, Wifi, PoE (Power over Ethernet) et au Cloud par internet. Smart & Connective recommande d’installer un CEOS par pièce en tertiaire.
Les CEOS communiquent en Modbus RTU (RS485), Zwave, Zigbee, BLE (Bluetooth Low Energy), WiFi et Ethernet. Chaque CEOS est capable de piloter en Modbus RTU, ZigBee ou Z-Wave jusqu’à 20 « IoT » ou appareils connectés. Les CEOS envoient les données récoltées vers le Cloud, les analysent localement et commandent les mesures correctives. Ils fonctionnent également hors connexion internet. Le portail S&C rassemble les données, client par client, les restitue de manière claire : visualisation des consommations, des économies sur une période choisie par l’utilisateur, affichage des besoins de maintenance et d’entretien, de toutes les dérives de consommations, etc. Le portail est multilingue et multisites si nécessaire. Doc. PP
Côté capteurs, Smart & Connective propose un capteur multifonction, un capteur flux de personnes et un thermostat multifonctions. Le capteur ou contrôleur multifonction parle Zigbee et BLE et agit comme Thermostat de zone intelligent. Il peut prendre le contrôle de n’importe quel type de CVC. Il pilote une unité intérieure de climatisation à détente directe et assure un pilotage intelligent global des éclairages et des protections solaires. Il sait également s’inscrire dans des scénarios regroupant des contrôles multizones. Doc. PP
Ce qui est très intéressant, cependant, ce sont les partenaires sur lesquels s’appuie Smart & Connective qui multiplie les capteurs compatibles, mais lui donne aussi accès à des actionneurs : Airzsone pour la climatisation à détente directe, NodOn pour tout ce qui se pilote sans fil en ZigBee et en enOcean, Legrand pour tous les appareils électriques télécommandables et les compteurs, Sensative pour la constitution d’un réseau de communication et divers capteurs (ouverture de portes et fenêtres, par exemple), Eurotronic Technology GmbH pour les têtes thermostatiques commandables à distance par ZigBee ou même par DECT-ULE, ainsi que pour ses capteurs de qualité d’air intérieur. DECT-ULE, c’est le vieux protocole développé pour les téléphones base + combiné sans fil. Sa portée à travers le béton est considérable. Des centaines de fabricants proposent des appareils compatibles dans le monde. ULE fonctionne, dans le monde entier, sur la fréquence 1,9 MHz qui lui est réservée. DECT-ULE est compatible avec les données et la voix : il sait piloter Alexa, Google Assistant, Apple HomeKit, … L’Alliance ULE, née en 2013, promeut l’emploi de DECT-ULE pour connecter capteurs et actionneurs à des boîtes centralisatrices en Smartbuilding. Depuis 2016, DECT-ULE contient la couche 6LowPan qui le rend compatible avec l’IPv6. Smart & Connective s’appuie enfin sur MCO Home, un spécialiste des thermostats, sondes diverses et actionneurs communicant en ZigBee, en Zwave, WiFi, etc.
Enfin, un portail d’hypervision multisites permet la gestion groupée de plusieurs bâtiments. Doc. PP
Les 6 autres solutions sont encore partielles
Quant aux autres solutions, la plus développée est sans doute DomPilote qui propose un automate centralisateur qui communique en Ethernet en amont et en ZigBee en aval. Doc. PP
La version tertiaire de l’automate centralisateur DomPilote peut piloter une vingtaine d’appareils de tous types communiquant en ZigBee. Doc. PP
Il existe de nombreuses vannes, registres de ventilation, commande d’éclairage et commande de protections solaires communicant en ZigBee. Mais il faut que l’installateur fasse son shopping. DomPilote propose aussi une restitution des données centralisées de manière relativement claire. Adeunis a élargi son activité au-delà des sondes et capteurs, à la restitution des données. ARCOM demeure campé sur les protocoles classiques de la GTB. Citron se contente de la restitution des données et de conseils pour économiser encore plus d’énergie. Enfin, AnolisPro de Solaxial et USEDAROC sont encore en développement.
Restent les actionneurs. Danfos, Siemens, Schneider Electric, mais aussi Belimo, Giacomini, Caleffi et de nombreuses autres marques proposent des vannes, des registres de ventilation et des commandes d’éclairage. Là encore, l’installateur doit faire son marché pour trouver les solutions compatibles.
USEDAROC est à l’origine développé pour l’acquisition de données et le pilotage de petits bâtiments publics dans l’Aisne. Doc. USEDAROC