Décret BACS : quels équipements pour quels bâtiments ?

A partir du 1er janvier 2027, tous les bâtiments, dont la puissance de chauffage ou de climatisation est ≥ 70 kW, devront être équipés d’un BACS. Quels sont précisément les équipements nécessaires ? Deux réponses différentes sont disponibles : pour les grands bâtiments et pour les petits bâtiments tertiaires.

Pascal Poggi pour batimedia

Bref rappel : Les bâtiments tertiaires existants devront se mettre en conformité avant le 1er janvier 2025 avec les exigences du décret BACS pour ceux dont la puissance de chauffage ou de climatisation ≥ 290 kW et avant le 1er janvier 2027 pour les bâtiments dont la puissance de chauffage ou de climatisation est ≥ 70 kW. Seuls les bâtiments tertiaires sont concernés. Le Gimélec estime que cela représente environ 221 000 bâtiments soumis au Décret BACS à équiper d’ici le 1er janvier 2027. Doc. PP

Selon le « Guide d’application du décret BACS » de 23 pages, disponible en téléchargement https://rt-re-batiment.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/guide_bacs_16052023.pdf, un BACS ou « Building Automation and Control System », est une solution combinant des produits, sondes diverses, automates et actionneurs, des logiciels, des services d’ingénierie à même de superviser et de piloter tous les systèmes techniques d’un bâtiment, grâce à des commandes automatiques et en facilitant la commande manuelle de ces systèmes techniques. Bref, un BACS, c’est à la fois une GTB et une supervision. Ce premier article se focalise sur les réponses des principaux fabricants de GTB. Le second portera sur les offres de plus petites entreprises, plutôt orientées vers les petits bâtiments.

Les grands de la GTB disposent de solutions pour les grands bâtiments tertiaires

Les principaux fabricants européens et nord-américains de GTB disposent de solutions, éprouvées et fiables, pour équiper les grands bâtiments tertiaires. Dans leurs réponses techniques, ces grands fabricants associent souvent Décret BACS et Décret Tertiaire, assurant que le respect du premier permet d’atteindre les objectifs du second : réaliser des économies d’énergie significatives. Leurs offres rassemblent au moins trois des quatre fonctions suivantes :

– collecter les données de consommations d’énergies,

– analyser les données collectées sur site ou bien les pousser vers des plateformes Cloud pour l’analyse,

– proposer des recommandations d’action ou mettre en œuvre des actions automatiquement,

– disposer des gammes de sondes, de détecteurs et d’actuateurs motorisés et connectés nécessaires : vannes de régulation motorisées, registres de ventilation motorisés, actuateurs divers et interrupteurs, compteurs de toutes sortes, détecteurs et sondes.

ABB, par exemple, propose une solution construite autour des automates de sa gamme InSite.

Pascal Poggi pour batimedia

L’unité de contrôle SCU100 du système InSite Pro M Compact d’ABB collecte des données d’appareils, tels que des compteurs d’énergie et de puissance, des analyseurs de réseau, des dispositifs de protection tels que des disjoncteurs et disjoncteurs différentiels équipés de capteurs de courant et l’intégration de modules d’entrée et de sortie numériques supplémentaires. Soit au total 16 compteurs et 96 capteurs simultanément. Grâce à son évolutivité, le système peut facilement être intégré dans des installations existantes, sans remplacer aucun composant, et s’adapte à toutes les tailles de bâtiments commerciaux et industriels. Il peut être installé en tant que solution autonome ou intégré à n’importe quelle infrastructure informatique, telle que ABB Ability ™ Energy and Asset Manager basé dans le cloud. Doc. ABB

Pascal Poggi pour batimedia

Pour les plus grands bâtiments, ABB utilise ses DoGate, un automate multiprotocoles conçu par Newron Systems, lui-même racheté par ABB. ABB et Rexel ont conjointement développé une solution pour répondre aux exigences du Décret BACS, reposant à la fois sur les DoGates et sur une série de modélisations détaillées de divers types d’installations tertiaires. L’installateur de DoGate profite alors d’une pré-modélisation qui ne requiert plus d’intégrateur. L’installateur choisit les vues qui correspondent à son installation, parmi les centaines de modèles disponibles dans la bibliothèque associée à la DoGate. Le choix d’un schéma d’installation assure la programmation de la Dogate. Avec une DoGate, les données des protocoles terrain peuvent être acquises par :

– Importation de fichier ESF pour KNX,

– Importation d’une base de données LNS pour LonWorks,

– Importation de d’un fichier EDE ou d’un scan pour BACnet,

– Grâce à l’Assistant pour Modbus,

– Importation MIB ou scan pour SNMP,

– Import/export de fichiers CSV pour tous les protocoles.

ABB ne propose pas de vannes, ni d’actuateurs

Pascal Poggi pour batimedia

Chez le Nord-Américain Distech Controls, les offres de solutions pour le Décret BACS reposent sur l’automate Eclypse Apex, un contrôleur Edge qui possède suffisamment de puissance et de mémoire pour traiter de larges flux de données. Il offre deux ports Ethernet, prend en charge tous les modules entrée/sortie de la gamme Eclypse de Distech Controls et permet de raccorder jusqu’à 320 points et 20 modules E/S. BACnet MS/TP, Modbus RTU, Modbus TCP et M-Bus sont pris en charge. Distech Controls propose même un adaptateur USB vers le protocole enOcean. L’API RESTful intégrée permet d’échanger des données provenant de différentes applications, comme des tableaux de bord   énergétiques, des outils d’analyse et des applications mobiles, sur place ou depuis le cloud à l’aide du connecteur hub IoT. Une API REST ou API RESTful est une API (Application Programming Interface ou interface de programmation) qui respecte les contraintes d’une architecture REST (Representational State Transfer) et permet d’interagir avec les services web RESTful. En gros l’API RESTful est une interface que deux systèmes informatiques utilisent pour échanger des informations en toute sécurité sur Internet. Doc. PP

Pascal Poggi pour batimedia

Chez Schneider Electric, tout un ensemble de produits et de services pour répondre aux nouvelles exigences

Schneider Electric propose des produits et des services pour répondre aux demandes des Décrets BACS et Tertiaire. Citons notamment :

– EcoConsult : un service d’audit et de conseils en installation et en gestion d’énergie,

– EcoStruxure Panel Server : des passerelles permettant d’assurer une connexion robuste entre les équipements IoT (Internet of Things ou Internet des Objets) et les logiciels de supervision ou de monitoring,

– Ecostruxure Energy Hub : un logiciel de gestion de l’énergie basé dans le cloud,

– SpaceLogic EcoCVC : une solution packagée paramétrable et adaptée à une large gamme d’applications CVC (Chauffage, Ventilation, Climatisation),

– Ecostruxure Integrated Management Platform : une application logicielle qui permet de suivre et contrôler tous les objets connectés d’un bâtiment ou d’un portefeuille de bâtiments,

– Ecostruxure Building Data APIs : une solution cloud pour la Data As A Service,

– Ecostruxure Microgrid : une solution pour tout type d’entreprise, pour gérer les coûts énergétiques et réduire l’empreinte carbone tout en évitant les temps d’arrêt,

– PowerLogic DVR : un équipement qui garantit la stabilité du signal tension sur le réseau électrique des sites industriels et critiques (santé, infrastructures, grands tertiaires).

Schneider Electric propose en outre les Variateurs de vitesse Altivar 212 IP 21 dédiés au pilotage des pompes, ventilateurs et compresseurs des applications HVAC dans les bâtiments, les Variateurs de vitesse ultra-compacts Altivar 12 pour équipements de commerce. Schneider Electric fabrique et commercialise par ailleurs une gamme étandue de vannes et d’actionneurs https://www.se.com/fr/fr/product-subcategory/88019-vannes-et-actionneurs/, ainsi que de toutes sortes de sondes et capteurs.

Pascal Poggi pour batimedia

EcoStruxure Panel Server appartient à une nouvelle génération de passerelles, permettant d’assurer une connexion robuste entre les équipements IoT intelligents filaires ou sans fil (ZigBee, notamment) et un logiciel de supervision ou de monitoring. C’est l’outil de base pour les solutions EcoStruxure de Schneider Electric. Doc. PP/Schneider Electric

Pascal Poggi pour batimedia

Schneider Electric se rend bien compte que tout cela correspond à de grands, voire à de très grands, bâtiments tertiaires. Par conséquent, disponible durant l’été 2023, Schneider Electric introduira une solution de GTB destinée aux petits et moyens bâtiments. Elle sera baptisée EcoStruxture Energy Hub. C’est un logiciel entièrement dans le Cloud, monosite ou multisites. Localement, dans le bâtiment, il faudra une passerelle EcoStruxture à laquelle on pourra raccorder jusqu’à 100 PowerTags en ZigBee. Un PowerTag, dans le langage de Schneider Electric, c’est un torr placé à la sortie de ses disjoncteurs de 0 à 2000 A, pour mesurer le courant. La passerelle poussera les données recueillies en WiFi vers une box internet, puis vers le Cloud Schneider toutes les 15 minutes, plus les alarmes en temps réel. Dans le Cloud, Schneider Electric se chargera de l’analyse des données et des restitutions en figures aisément compréhensibles pour les non-initiés. Pour les bâtiments, l’accès à ce service sera facturé 60 € par sonde ou compteur raccordé et par an. 50 capteurs raccordés coûteraient 3000 € HT/an.

Pascal Poggi pour batimedia

Après la mesure, l’analyse et la restitution des données, il faut agir sur l’installation. Ce sera le rôle, chez Schneider Electric, du package SpaceLogic EcoCVC. Le package contiendra un contrôleur paramétrable sans programmation pour piloter chaudières, production d’ECS et climatisation par eau glacée. Doc. Schneider Electric

Pascal Poggi pour batimedia

Siemens possède également une offre étendue de logiciels, d’automates, de sondes et détecteurs et d’actuateurs de toutes sortes, mais nous en parlerons dans notre second article à travers les propositions de sa nouvelle filiale Wattsense.