Le Centre national des arts plastiques a lancé en mars 2021 le chantier de restauration du Cyclop, œuvre d’art total initiée par l’artiste suisse Jean Tinguely au cœur des bois de Milly-la-Forêt dans l’Essonne. Le site a fermé ses portes en octobre 2020 pour laisser place à un vaste chantier de restauration qui va durer un peu plus d’une année.
Son ouverture au public est programmée pour le mois de mai 2022.
le cyclop, une aventure collective au long cours, de 1969 à aujourd’hui
Le Cyclop, cette œuvre aux dimensions monumentales, est née d’un rêve partagé avec Bernard Luginbühl, ami et compatriote de Jean Tinguely. Sa structure métallique et modulable qui en fait sa caractéristique, a été affirmée dès l’origine comme un lieu de partage et d’échange collectif avec d’autres artistes : Niki de Saint Phalle, Eva Aeppli, Arman, César, Daniel Spoerri, Jean-Pierre Raynaud, Jesùs-Rafael Soto, Rico Weber, Larry Rivers, Seppi Imhof, Philippe Bouveret et Pierre Marie Lejeune.
Ils ont ainsi créé des œuvres pour le lieu et participé à cette aventure titanesque, qui s’est développée de 1969 à 1994. Pour pérenniser Le Cyclop, Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle en font don à l’état en 1987.
Depuis cette date, le Centre national des arts plastiques en assure la conservation.
L’association « Le Cyclop « , créée en 1988, se charge quant à elle de l’ouverture du lieu, d’avril à fin octobre, et offre à travers sa programmation un regard toujours actualisé sur cette oeuvre protéiforme.
le cyclop en quelques chiffres
- • 1969 : début de la construction
- • 1987 : don du Cyclop à l’État
- • 1994 : inauguration du Cyclop par le président de la République François Mitterrand
- • 22,5 mètres de hauteur
- • 350 tonnes d’acier
- • 55 000 tesselles de miroirs
- • 14 artistes
un chantier de restauration d’envergure
La situation topographique du Cyclop et les conditions climatiques auxquels il est confronté au fil des saisons rend sa conservation particulièrement complexe. L’objectif aujourd’hui est de rendre au Cyclop son intégrité, avec l’appui des artistes ou de leurs ayants droit.
Le projet d élicat de restauration du Cyclop implique trois entreprises de maîtrise d’œuvre : le cabinet d’architecte GFTK, l’entreprise d’ingénierie Phung Consulting et le cabinet Ecovi, en charge de l’économie de la construction. Pendant toute la durée du chantier, un ensemble d’une vingtaine de restaurateurs d’œuvres d’art spécialisés dans le verre, le métal, la céramique, le textile, le plâtre et les matériaux contemporains vont intervenir sur place et dans leurs ateliers pour mener à bien la restauration des différents éléments constitutifs du Cyclop.
deux restaurations majeures du cyclop : la face aux miroirs et l’hommage aux déportés
La Face aux miroirs est l’enjeu majeur de cette restauration. Recouverte en 1986 de miroirs par Niki de Saint Phalle sur prés de 325 mètres carrés, l’œuvre commence à se dégrader à partir de 1996 en raison de l’altération du tain, mais aussi de la croissance de micro-organismes qui tendent à détacher les miroirs. En 2002, les premiers essais de consolidation sont effectués, puis en 2006 des retouches ponctuelles sont réalisées, avant de contractualiser en 2008 la mise en place d’un chantier-école avec l’Institut national du patrimoine. Cette intervention permet d’établir un historique de création, un constat d’état et un diagnostic incluant des préconisations pour une restauration durable de l’œuvre. Ce document préalable fournit de nombreux éléments mais l’œuvre continue sa d gradation et devient dangereuse pour les visiteurs.
Un filet est posé en janvier 2012. Un rapport sur l’état sanitaire de l’œuvre est ensuite commandé et remis par le Laboratoire de recherche des monuments historiques en 2014, à la suite duquel le Cnap convient en accord avec l’ayant droit de Jean Tinguely et de Niki de Saint Phalle d’une intervention qui s’apparente une restauration fondamentale et consiste à remplacer l’ensemble des 55 000 tesselles de miroirs de La Face.
L’opération se fait dans le respect le plus scrupuleux du calepinage d’origine, effectué à l’époque sous la supervision de Niki de Saint Phalle – découpe des miroirs sans angle droit, modulation de la taille des morceaux en fonction du modelé du visage. Pour que les miroirs épousent en tout point la composition initiale, un processus d’empreinte au latex a été imaginé pour chaque zone, permettant ensuite un report par estampage sur papier servant à la création de gabarits pour la découpe des miroirs.
Les nouveaux miroirs vont redonner à l’œuvre tout son éclat, en respectant l’intention originelle de l’artiste : camoufler la tête en réfléchissant son propre environnement.
La restauration de La Face aux miroirs a bénéficié en 2013 du mécénat de compétence de l’entreprise 3DO Reality Capture qui a réalisé le relevé 3D de la » Tête « , ainsi que de celui de Saint-Gobain, qui dans le cadre de cette collaboration a mis à disposition 628 m2 de miroirs solaires nécessaires et le joint-colle fabriqué par la filiale Weber de Saint-Gobain pour fixer les miroirs. Clairefontaine fournit de son côté le papier pour la création des gabarits.
un projet de restauration à hauteur d’1,2 millions d’euros
Le budget global de la restauration du Cyclop est de 1,2 millions d’euros, pris en charge par le Cnap avec le soutien du ministère de la Culture et de plusieurs mécènes.
Outre le mécénat décisif apporté par Saint-Gobain et le mécénat de 3DO Reality Capture pour un relevé tridimensionnel par scanner-laser de la Face aux miroirs de Niki de Saint Phalle, le Crédit agricole Île-de-France et la Fondation du Crédit agricole sont partenaires de la restauration et ont souhaité accompagner des actions d’éducation artistique et culturelles menées pendant le chantier avec deux lycées professionnels. Deux campagnes de financement participatif (MymajorCompany ; Commeon) ont permis de compléter le budget de restauration avec le soutien de la société Geoterre et de la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois.
des projets d’éducation artistique et culturelle autour de la restauration du cyclop et de l’aménagement de ses abords
Le Centre national des arts plastiques poursuit son engagement auprès des futurs professionnels du monde de la culture en établissant deux projets pédagogiques avec des lycées parisiens au cours de la restauration du Cyclop. Les étudiants en DN MADE (diplôme national des métiers d’art et de design) Matériaux Verre, Espace et Objet du lycée Lucas de Nehou seront formés pour participer à la restauration de La Face aux miroirs de Niki de Saint Phalle. Les élèves de Seconde et de Première du lycée Brassa – lycée Professionnel Régional de la Photographie et de l’Image – travailleront quant à eux sur les enjeux liés à la documentation d’un chantier de restauration et sur l’environnement particulier du Cyclop.
Par ailleurs, un travail a été mené avec un groupe d’étudiants de 3e et 5e année de l’école nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville pour réfléchir à l’aménagement des abords du Cyclop et de son futur lieu d’accueil des publics.
Une exposition de leurs travaux est prévue en septembre 2021 à Milly-la-Forêt.
les porteurs du projet
le centre national des arts plastiques
Le Centre national des arts plastiques (Cnap) est l’un des principaux opérateurs de la politique du ministère de la Culture dans le domaine des arts visuels contemporains.
Il enrichit, pour le compte de l’État, le Fonds national d’art contemporain, collection nationale qu’il conserve et fait connaître par des prêts et des dépôts en France et à l’étranger, des expositions en partenariat et des éditions. Avec près de 105 000 œuvres acquises depuis plus de deux siècles auprès d’artistes vivants, la collection du Cnap constitue un ensemble représentatif de la variété des courants artistiques.
Acteur culturel incontournable, le Cnap encourage la scène artistique dans toute sa diversité et accompagne les artistes ainsi que les professionnels à travers plusieurs dispositifs de soutien. Il contribue également à la valorisation des projets soutenus, par la mise en œuvre d’actions de diffusion.
l’association « Le cyclop »
L’association « Le Cyclop » gère l’ouverture au public de l’œuvre et ouvre le lieu à la création contemporaine avec des invitations régulières faites à des artistes émergents et confirmés, sous la forme de résidences d’artistes, en accompagnant la production d’œuvres, leur exposition aux abords du Cyclop, leur médiation auprès des publics, l’édition, etc. L’association a une activité de centre d’art contemporain depuis 2012, et fait partie du réseau Tram (réseau d’art contemporain d’Île-de-France) depuis 2017.
nos soutiens
- • Institut national du patrimoine
- • Laboratoire de recherche des monuments historiques
- • Tous les contributeurs aux deux actions de financements participatifs avec Mymajorcompany et Commeon
- • La Galerie GP & N Vallois
- • Geoterre
- • Niki Charitable Art Foundation
- • Fonds de dotation pour le soutien et la valorisation du Cyclop