De l’assiette à la carrière souterraine, le cercle vertueux du recyclage pour sécuriser les routes
Le Département est chargé de l’entretien et de la sécurité de la voirie départementale sous laquelle se trouvent parfois d’anciennes carrières souterraines abandonnées depuis des décennies et dont il a la surveillance. En Gironde, l’architecture locale a en effet abondamment puisé dans les ressources du sous-sol calcaire. Il en résulte aujourd’hui des millions de mètres cubes de vides souterrains. La faible épaisseur entre la surface de la voirie et le toit de ces galeries (de 3 à 4m) couplé à l’action du trafic routier, peut fragiliser le tronçon de route situé au-dessus.
En cas de risque d’affaissement, le Département doit procéder au comblement de ces carrières.
A l’heure où la résilience est présente dans toutes les démarches du Département, trouver une alternative au comblement classique (afin de limiter l’utilisation du sable, devenu une ressource rare) plus respectueuse de l’environnement et utilisant des éléments naturels recyclés et locaux considérés comme des déchets, était une priorité. Le bureau des carrières souterraines du Département a ainsi mis au point avec le laboratoire spécialisé ESIRIS, un mortier innovant composé de coquilles d’huîtres concassées et de sable de dragage.
Première expérimentation à Prignac-et-Marcamp en 2020
Le Département a ainsi réalisé un test avec ce nouveau mortier en comblant une partie d’une carrière souterraine de la commune de Prignac-et-Marcamp qui menaçait un tronçon de la route départementale 133. Pour cette première expérimentation, il s’agissait de combler un volume de petite dimension de 65m3. Ce sont 20 tonnes de déchets coquilliers (30% du mortier) mis à disposition par le Comité Régional de la Conchyliculture Arcachon Aquitaine qui ont été injectés. Le reste du coulis est constitué par du sable, du ciment et de l’eau.
Le chantier de Lugasson, 3000m3 de galeries à combler
Le résultat positif de ce premier projet permet aujourd’hui au Département de renouveler une opération de plus grande ampleur à Lugasson pour la mise en sécurité d’un tronçon de la route départementale 140, situé sur d’anciennes galeries souterraines d’extraction de pierres de taille.
Ce sont désormais 3000m3 de galeries qui seront comblées intégralement en utilisant ce même mortier constitué de coquilles d’huîtres concassées du Bassin d’Arcachon (200 tonnes) et de sable issu du dragage de la Leyre (1000 m3). Les coquilles proviennent notamment des collectes organisées par le Département et ses partenaires, lors des dernières fêtes de fin d’année.
Le Département finance l’intégralité de ces travaux dont le coût s’élève à 493 184 euros.
Une valorisation doublement vertueuse
Ces opérations de comblement de carrière n’utilisant en grande partie que des matériaux recyclés s’inscrivent dans le cadre de la politique de transition écologique du Département.
>Les huitres : tous les ans, et notamment durant les fêtes de fin d’année, 130 000 tonnes d’huîtres sont consommées en France.
Volumineuses dans les poubelles et difficiles à incinérer, les coquilles représentent un coût très important dans le ramassage des ordures ménagères. La collecte et la valorisation sous forme de poudre de ces coquilles, réalisée par des partenaires associatifs, permet non seulement de réduire des quantités importantes de déchets mais aussi de nourrir des poules, fertiliser des terres agricoles ou comme ici participer à la gestion des routes.
Les huitres consomment du CO2 pour se développer, elles ont donc un bilan carbone positif. En les choisissant pour composant de ce mortier, le bilan carbone des chantiers est ainsi amélioré. Ce choix évite également l’incinération et le rejet de CO2 dans l’atmosphère.
>Le sable : issu du dragage annuel de la Leyre (fleuve côtier prenant sa source dans le département des Landes et se jetant dans le bassin d’Arcachon) ce sable représente un problème de stockage. Son utilisation en mortier de comblement est une solution innovante de valorisation des sédiments efficace et peu coûteuse.
Le Département de la Gironde innove et partage ce procédé
Aucun brevet n’a été déposé, de façon à ce que les départements qui ont la même problématique que la Gironde, puissent disposer de cette formulation tout à fait librement.
Repères
> 1400 carrières souterraines en Gironde sur 123 communes
> 25 km de routes départementales cumulés soit 110 tronçons concernés
> 3488kg de coquilles collectées fin 2021 et valorisées par l’association Coquilles