Beaucoup de mouvement dans le photovoltaïque en France

Pascal Poggi Pour Batimédia

Le CNRS vient de publier « Le solaire photovoltaïque en France : réalité, potentiel et défis », 72 pages pour le point sur le photovoltaïque en France et, au passage, dissiper bien des idées reçues et des contes conspirationnistes. Dans le même temps, Soprasolar poursuit ses efforts pour faciliter l’installation de photovoltaïques sur les grandes toitures, MyLight Systems commercialise son nouveau panneau à 435 Wc de puissance, la CRE lance un nouvel appel d’offre pour de l’autoconsommation collective et CARBON a entamé mi-septembre le processus de concertation préalable pour l’implantation de sa giga-usine de panneaux et de cellules photovoltaïques à Fos-sur-Mer.

Le solaire photovoltaïque en France : réalité, potentiel et défis

Depuis le 14 septembre, le CNRS et la Fédération de Recherche du Photovoltaïque ont mis en ligne (https://solairepv.fr) leur rapport intitulé « le solaire photovoltaïque en France : réalité, potentiel et défis ». Outre une analyse approfondie, il contient un rappel de quelques notions utiles :

– En 2022, le solaire photovoltaïque a fourni 18,6 TWh, soit 4,1 % de l’énergie électrique consommée en France, contre 3,0% en 2021.

– 5 m² de panneaux PV orientés au sud produisent 1300 kWh/an en moyenne, soit la moitié de la consommation moyenne d’électricité d’un français

– Une grande centrale PV au sol revient à environ 0,7€/W, contre 2€/W pour une installation résidentielle. Le panneau ne représente qu’une petite partie de ce coût, environ 0,25€/W. Ce qui rend l’électricité photovoltaïque parfaitement compétitif, avec des coûts de l’ordre de 0,05 €/kWh pour une grande centrale au sol et 0,16 €/kWh pour une installation domestique en toiture.

– En un an, une installation PV constituée de modules en silicium monocristallins fournit autant d’énergie qu’il en a été dépensé pour sa fabrication. La durée de vie des panneaux PV actuels atteint 30 ans, avec une perte de rendement de 0,5% par an. Les fabricants garantissent couramment 80% du rendement nominal au bout de 25 à 30 ans.

– La France fabrique aujourd’hui environ 850 MW de panneaux PV par an, tandis qu’elle en a installé 3000 MW en 2021. Plusieurs projets d’usine de modules PV sont en cours de développement dans notre pays. S’ils se réalisent tous, la capacité de production française pourrait atteindre 15 GW/an en 2030.

La Planification écologique

Mme Elisabeth Borne vient de présenter la Planification écologique, deux fois : le 18 septembre devant les partis, le 19 devant le CNR (Conseil National de la Refondation). Le Président de la République la présentera à son tour le 25 septembre. The Shift Project, de son côté, a analysé tous les documents publiés à ce sujet par le Secrétariat Général à la Planification Ecologique (SGPE https://www.gouvernement.fr/france-nation-verte/le-secretariat-general-a-la-planification-ecologique). Le SGPE est d’ailleurs une instance trop mal connue qui, depuis sa création en juillet 2022, abat un énorme travail d’analyse et de construction des stratégies nationales en matière de climat, d’énergie, de biodiversité et d’économie circulaire. Nous écrirons certainement plusieurs articles sur les conséquences du plan présenté par Mme Borne, mais en attendant voici ce que The Shift Project pense de la stratégie du SGPE spécifiquement sur le photovoltaïque.

Systématiser l’installation de photovoltaïque sur tous les bâtiments

The Shift Project estime qu’il faudra simultanément produire beaucoup d’électricité dès l’horizon 2030 – pousser au maximum les ENR, comme le nucléaire -, tout en agissant encore plus sur l’efficacité énergétique et la sobriété. The Shift Project enjoint notamment d’obliger tous les bâtiments neufs à s’équiper en photovoltaïque. Ce qui est ligne avec le nouveau texte de la Directive Efficacité Energétique adopté le 25 juillet dernier. The Shift envisage aussi, pour développer le photovoltaïque sur les bâtiments existants, de réduire les contraintes négatives, notamment réglementaires, tout en augmentant les contraintes positives, c’est-à-dire réglementaires aussi, et renforçant les incitations.

Malheureusement, la Planification écologique ne contient encore rien de précis quant aux énergies. Mme Borne a surtout évoqué la répartition des 7 milliards d’Euros de crédits nouveaux qui seront dépensés en 21024 :

– D’abord 1,9 Md€ en faveur des mobilités diverses et 2,7 Md€ pour l’agriculture, la forêt, l’eau, la biodiversité, etc.

– 1,6 Md€ pour la rénovation des bâtiments alloué à l’Anah.

– 600 M€ pour la rénovation des bâtiments publics.

– 500 M€ pour les collectivités territoriales et la rénovation de leurs bâtiments, dont les écoles.

– 800 M€ pour le soutien à l’injection de biométhane dans les réseaux.

– 700 M€ pour le développement de l’hydrogène.

– 300 M€ en faveur des zones non-raccordées aux réseaux (îles et outre-mer).

– 1,5 Md€ pour la « compétitivité verte », donc pour l’industrie.

Un nouvel appel d’offres de la CRE

Le 27 juillet, la CRE a lancé la cinquième période de l’appel d’offres portant sur la réalisation et l’exploitation d’installations de production d’électricité à partir de l’énergie solaire « Centrales sur bâtiments, serres agrivoltaïques, hangars, ombrières et ombrières agrivoltaïques de puissance supérieure à 500 KWc ». Le 30 juillet, la CRE a également lancé un nouvel appel d’offres pour des projets en autoconsommation étendue entre 500 kW et 3 MW et entre 500 kW et 10 MW pour les projets d’autoconsommation individuelle et en autoconsommation collective au sein d’un même bâtiment et ne participant pas aux opérations d’autoconsommation collective étendue (https://www.cre.fr/documents/Appels-d-offres/appel-d-offres-portant-sur-la-realisation-et-l-exploitation-d-installations-de-production-d-electricite-a-partir-d-energies-renouvelables-en-autoco3). Date limite de dépôt des candidatures le 20 octobre 2023.

Pascal Poggi pour Batimédia

Dans le même temps, depuis Juillet 2023, il est obligatoire d’équiper les parkings de plus de 1500 m² d’ombrières photovoltaïques et de bornes de recharges de véhicules électriques. Les offres se multiplient pour satisfaire ces deux obligations. Idex, par exemple, a lancé une offre « Parking branché » dans laquelle Idex étudie, finance, installe des ombrières photovoltaïques, des bornes de recharge, alimente les bornes de recharge avec l’électricité produit par les ombrières et assure la maintenance de l’ensemble. Idex estime que le marché des ombrières photovoltaïques sur les parkings de plus de 1500 m² atteint 15 GW. Doc. Idex

Les industriels français se remuent

Le brestois IMEON ENERGY, leader mondial des onduleurs solaires hybrides et intelligents, prépare son introduction en bourse pour lever 8 M€ sur EURONEXT GROWTH.

Pascal Poggi pour batimédia

Le nouveau panneau PV panneau Quartz Hétérojonction 435Wc de mylight systems atteint un rendement de 22,28%. Son coefficient de température – un panneau PV produit moins quand il est chaud – n’est que de -0,26 %/°C et sa baisse de rendement dans le temps atteint seulement 0,36% : au bout de 30 ans d’exploitation, son rendement atteint encore 85% de son rendement nominal. Enfin, c’est un panneau bifacial : il capte la lumière sur ses deux faces. En tenant compte de la production de sa face inférieure, il génère jusqu’à 30% d’énergie en plus par rapport à un panneau monofacial. Doc. Mylight systems

Pascal Poggi pour Batimédia
Pascal Poggi pour Batimédia

De son côté, Soprasolar, filiale de Soprema vient d’obtenir un Atex pour sa solution SOPRASOLAR® Fix Evo Tilt PVC/TPO (https://www.soprasolar.com/fr/solutions/soprasolar-fix-evo-tilt-pvc-tpo) : un procédé d’étanchéité photovoltaïque sans percement pour toiture terrasse avec mise en place de modules photovoltaïques inclinés (portrait ou paysage) sur un système de plots breveté avec rehausses intégrées. Doc. Soprasolar