Le bilan de l’année 2023 est très contrasté : développement des ENR, fort ralentissement des demandes de permis de construire, climat chahuté, aller-retour des réglementations, etc. Nous sommes fin décembre, c’est le moment de récapituler les principales tendances de 2023. Doc. PP
Commençons par le climat
Selon Météo France, en moyenne sur la France, l’année 2023 devrait être proche de la normale (1991–2020) en termes de pluviométrie malgré de forts contrastes spatio-temporels. Cette année est marquée par une alternance de périodes d’assèchement et de réhumidification des sols de façon opposée entre le nord et le sud de la France. Plusieurs territoires ont subi d’importantes inondations notamment cet automne.
Après une année 2022 extrêmement sèche, la pluviométrie en moyenne sur l’année est proche de la normale en 2023, avec néanmoins de forts contrastes. Le retour des pluies abondantes sur la façade ouest et la moitié nord du pays en cette fin d’automne laisse entrevoir la fin de la sécheresse des sols sur ces régions. En revanche, le littoral languedocien et les Pyrénées-Orientales restent concernés en 2023 par un déficit pluviométrique prononcé.
Dans la continuité de 2022, année la plus chaude que la France ait connue depuis le début du XXe siècle, l’année 2023 devrait selon toute vraisemblance se classer au deuxième rang des années les plus chaudes dans l’Hexagone avec une température moyenne de 14,2 °C. L’anomalie thermique sur l’ensemble de l’année devrait se situer ainsi autour de +1,3 °C par rapport aux normales 1991–2020. Quatre vagues de chaleur se sont succédées en 2023 :
– fin mai et durant tout le mois de juin, faisant de juin 2023 le second mois le plus chaud depuis 1900, derrière juin 2003,
– Juillet 2023 du 8 au 11, puis jusqu’à la fin du mois en Corse et sur l’arc méditerranéen. Des records tous mois confondus ont été enregistrés avec par exemple 40,4 °C à Serralongue (Pyrénées-Orientales) le 18 et 39,2 °C le 19 à Cannes (Alpes-Maritimes),
– mi-août 2023, une vague de chaleur tardive a débuté sur le sud du pays le 11 et s’est étendue à une grande partie du territoire du 17 au 24 août, n’épargnant que le Nord-Ouest. La France a enregistré sa 47e vague de chaleur depuis 1947, la plus longue et la plus intense après un 15 août, avec des niveaux de chaleur inédits du Sud-Ouest au Centre-Est ainsi que près de la Méditerranée : 27,4 °C le 24 à Toulouse au plus « frais » de la nuit, 41,4 °C le 24 à Lyon, 42,4 °C le 23 à Toulouse.
– septembre 2023, du 3 au 11 septembre avec des températures 4 à 7 °C au-dessus des normales.
Les régions d’un large quart nord-ouest du pays ont connu en septembre 2023, une vague de chaleur de 8 à 9 jours et des températures souvent plus élevées que durant l’été. Doc PP
Face aux évolutions du climat, de timides mesures sont apparues. Le nouveau Label BBC Rénovation, défini par un arrêté du 3 octobre 2023 demande des protections solaires extérieures et une ventilation générale et permanente de toutes les pièces du logement. Grâce à une décision d’octobre 2023, en 2024, les travaux assurant le confort d’été sont désormais finançables par MaPrimeRénov’ dans le but d’éradiquer à terme les bouilloires thermiques, stigmatisées au même titre que les passoires thermiques. L’indicateur d’inconfort d’été dans la RE2020 ne s’est pas, pour l’instant, révélé vraiment contraignant.
Le second plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) s’est terminé en 2022. Il n’a pas été remplacé, mais le gouvernement met à disposition des ressources pour gérer la surchauffe des villes (https://www.adaptation-changement-climatique.gouv.fr/dossiers-thematiques/milieux/ville ), l’économie d’eau et les diverses conséquences du changement climatique (https://www.adaptation-changement-climatique.gouv.fr/). Doc. PP
Logement : baisse des permis, baisse des chantiers, baisse des transactions
Lundi 11 décembre 2023, les Notaires de France ont le bilan immobilier de l’année 2023 et les premières tendances pour le début de l’année 2024. Pour l’année 2023, les Notaires de France prévoient entre 850 000 et 890 00 transactions, soit une forte baisse par rapport à 2022. Les prix ont baissé : -2% : La baisse sur un an de l’indice de prix des appartements anciens en France métropolitaine (-5,3% en Île-de-France), -1,6% : La baisse sur un an de l’indice de prix des maisons anciennes en France métropolitaine (-5,4% en Île-de-France).
Dans le même temps, selon les Notaires de France, le coût des financements a fortement augmenté :
– La surface finançable d’un appartement ancien en France métropolitaine, sans apport et avec mensualité de 800 € /mois pendant 20 ans, est de 36 m², soit 7 m² de moins sur un an.
– La surface finançable pour l’achat d’une maison ancienne en moyenne en France, sans apport et avec une mensualité de 1300 €, se situe à 97 m², soit une baisse de 14 m² sur un an. Doc. PP
En ce qui concerne la construction neuve, selon la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI), le 3ème trimestre 2023 se caractérise par un nouveau repli des autorisations de logements sur tous les segments selon les chiffres de l’État, avec une baisse de 29,2% par rapport au 3ème trimestre 2022 (93 500 logements collectifs autorisés, dont 23 800 maisons %, et 11 300 maisons individuelles groupées, -7,8%individuelles isolées, -19,) et de 28,3% sur 12 mois.
Le niveau des logements collectifs mis en chantier est l’un des plus bas constatés depuis 15 ans (hors période Covid), avec seulement 27 500 logement collectifs mis en chantier de juillet à septembre 2023, soit 17,3% de moins que par rapport à la même période de 2022. Doc. PP
Le nombre de logements neufs mis en vente au troisième trimestre 2023 a baissé de 48,6% par rapport au troisième trimestre 2022, atteignant seulement 12 039 logements. Sur les 9 premiers mois de 2023, les mises en vente ont baissé de 30,8%, à seulement 54 839 logements. Les réservations totales au cours de 9 premiers mois de 2023 ont baissé de 29,4% à 65 535, dont 44 730 (-38,7%) de logements au détail, 16 805 logements en blocs (-12,4%) et 4000 logements en résidences services (-22,5%). La hausse des ventes en bloc met en exergue l’impact du programme de rachats mis en œuvre par CDC Habitat et Action Logement.
Bref, selon la FPI, le marché du logement neuf s’enfonce dans une crise durable. Ce qui a poussé l’Alliance pour le Logement, qui rassemble la FFB, l’Union Sociale pour l’Habitat, la Fnaim, la FPI, le Pôle Habitat de la FFB, Procivis, Unis, l’Union Nationale des Notaires Employeurs, l’Unsfa et l’Untec, a publier un communiqué de presse pour faire état à la fois de son incompréhension et de son désespoir. « L’Alliance pour le logement, indique le communiqué, a proposé des mesures conjoncturelles et structurelles, certaines ont un coût mesuré si l’on accepte de mettre les recettes en regard des dépenses au niveau national. Certaines rapportent même en solde net. Mais tous les débats sur le sujet ont été balayés par la succession de 49.3 décidée par l’exécutif ». Ça, c’est pour l’incompréhension. Quant au désespoir, le communiqué précise « force est de constater que la politique à l’œuvre aujourd’hui est construite par à-coups budgétaires et couperets cinglants, sans vision globale, stigmatisant tout un secteur essentiel à la cohésion sociale et à l’économie. » Tout est dit. Etant donnée l’inertie de la construction neuve, en termes d’activité du secteur de la construction neuve, le pire est à venir en 2024 et sans doute en 2025. Rappelons que le secteur totalise 1 730 000 actifs, dont 1 273 000 salariés et 106 000 intérimaires en équivalent-emplois à temps plein.
L’autoconsommation en plein boom en 2023
Tout n’est pas triste cependant. Poussée par la guerre en Ukraine et l’augmentation des prix de l’électricité, l’autoconsommation de la production photovoltaïque sur site a explosé en 2023. La France a même battu son propre record, avec 150 000 raccordements effectués en autoconsommation depuis début 2023, selon les dernières données d’Enedis Open Data. La France compte désormais 387 000 installations en autoconsommation totale ou partielle. RTE estime le potentiel à 4 millions d’installations en autoconsommation en 2030. Il reste du chemin à faire.
L’engouement pour l’autoconsommation vient à la fois des ménages – il faut compter envciron 9000 € TTC pour une installation de 3 kWc – et des entreprises. Doc. PP
La loi n° 2023-175 du 10 mars 2023 relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables, indique que les parcs de stationnement extérieurs d’une superficie supérieure à 1500 m² doivent être équipés en ombrière intégrant un procédé d’énergies renouvelables sur au moins la moitié de cette superficie. Elle a poussé à une prise de conscience de l’intérêt de cette technologie pour les hyper- et supermarchés, pour les hôpitaux, etc. Le gisement potentiel créé par cette loi est évalué à 15 GWc par Idex.
En ce qui concerne les pompes à chaleur, le marché 2023 est contrasté : augmentation des ventes des pac air/air de 25% à 716 944 groupes extérieures au cours des 8 premiers mois, par rapport à la même période de 2022, mais baisse de 4,7 des pac air/eau à 210 287 groupes extérieurs, avec une baisse des biblocs (-14 %, 167 200 unités) qui n’est pas compensée par la hausse des monoblocs (+63 %, 43 000 unités). Dans les pac air/eau monobloc, le R290 devient le fluide principal et progresse rapidement. Le marché des pac géothermiques progresse de 15% à 2 234 unités, par rapport aux 8 premiers mois de 2022.
Pour 2024, les nuages s’amoncellent sur le marché de la rénovation, en raison de la nouvelle organisation des aides publiques. Certaines restent à préciser. Nous vous en parlerons début janvier 2024. Doc. PP