Photovoltaïque : multiplication des offres techniques et financières

Grâce à l’augmentation rapide du coût de l’électricité, même en tenant compte du bouclier tarifaire, la production photovoltaïque sur site et l’autoconsommation deviennent rentables.

Pascal Poggi pour batimédia

Production sur site, financement des installations, évaluation du gisement, solutions de stockage d’électricité en batteries, … toutes les briques d’une installation photovoltaïque optimisée, pour toutes sortes de clients, depuis les ménages en maison individuelle jusqu’à l’industriel dans son usine, en passant par les super- et hypermarchés et tous les bâtiments publics, sont désormais en place sur le marché français.

A l’échelle d’un bâtiment, le niveau qui nous concerne, le photovoltaïque en autoconsommation est éminemment rentable et suscite de plus en plus d’intérêt.

L’autoconsommation est rentable pour une installation domestique et a fortiori pour des clients tertiaires ou industriels qui ne peuvent pas bénéficier du tarif réglementé. Plus l’installation et les besoins du bâtiment sont importants, plus l’autoconsommation est rentable.

Rappelons que dans son évaluation des prix à terme de l’électricité pour 2023, la CRE indiquait « La forte hausse des prix à terme de l’électricité pour l’hiver 2022-2023 et l’année 2023, qui s’était accélérée en juin 2022, s’est poursuivie au cours de l’été, pour culminer sur un pic exceptionnel le 26 août (Q1 2023 base à 1 840 €/MWh et Y 2023 base à 1 115 €/MWh). Depuis, les prix se sont relativement stabilisés sur un plateau pendant les mois de septembre et octobre 2022, avec un prix du Q1 2023 autour de 1 000 €/MWh et le Y (année pleine) 2023 autour des 550 €/MWh. »

De plus, toutes une bardée de dispositions législatives poussent à la mise en place d’installations photovoltaïque. La toute récente loi n° 2023-175 du 10 mars 2023, relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables, demande l’installation d’ombrières photovoltaïques sur les parkings extérieurs de plus de 1500 m². Cette exigence s’applique aux parcs de stationnement extérieurs existants au 1er juillet 2023 et à ceux dont la demande d’autorisation d’urbanisme a été déposée à compter de la promulgation de loi. La loi Climat du 22 août 2021 renforce, à compter de juillet 2023, l’obligation d’installer des panneaux photovoltaïques en toiture, ou des toits végétalisés, pour les bâtiments à usage commercial, industriel ou artisanal, entrepôts, hangars, ainsi que les parcs couverts de stationnement public de plus de 500 m² et aux constructions de bureau d’emprise au sol supérieure à 1 000 m². L’obligation est également étendue aux opérations de rénovation lourde affectant les structures porteuses des bâtiments. Bref, c’est systématiquement rentable et, dans bon nombre de cas, c’est obligatoire : il faut s’y mettre.

Evaluer le gisement et financer l’installation

Dans un projet d’installation photovoltaïque, tout commence par une évaluation du gisement de production en fonction de l’emplacement géographique, de l’orientation de la toiture et des possibilités d’installation de panneaux.

Pour répondre à une partie de ces interrogations, SG, la banque de détail du groupe Société Générale issue du rapprochement des réseaux de la Société Générale et du Crédit du Nord, a récemment lancé son « Pack Solaire ».

Les services proposés par le Pack Solaire commencent par une évaluation du gisement par Nam.R, spécialiste de l’analyse de données publiquement disponibles. : une prévision de la production potentielle du site et par une analyse des besoins du bâtiment.

Pascal Poggi pour batimédia

Nam.R s’appuie pour cela sur les résultats du projet Lidar-HD1 conduit par l’IGN (Institut Géographique National) et dont les résultats sont exploitables depuis 2022.L’IGN construit un Modèle Numérique de Surface (MNS) de l’ensemble du territoire français. Le MNS est un ensemble de points 3D comprenant les éléments du terrain naturel mais aussi de la végétation et du bâti. Nam.R estime ensuite la quantité de lumière solaire qui parvient en chaque point du MNS, en fonction de l’orientation et des obstacles alentour et des données d’ensoleillement du lieu. Enfin, en croisant ces données avec une cartographie des bâtiments, en l’occurrence OpenStreetMap, Nam.R obtient une carte des toitures à solariser. Doc. Nam.R

Ensuite, le Pack Solaire propose une étude approfondie sur site, réalisée par l’un des trois partenaires retenus par SG : Apex Energies, Legendre Energie, et Sunopée (Léon Grosse Energies Renouvelables). Etant donnés les partenaires retenus, qui sont plutôt des entreprises importantes, cette offre est clairement dirigée vers le tertiaire : entreprises, mais aussi collectivités territoriales.

Enfin, la Société Générale est en mesure de proposer un financement de l’installation par un « prêt environnemental et social » qui permet de financer des projets de développement durable, comme l’amélioration de l’efficacité énergétique, le développement sur site d’énergies renouvelables, le basculement vers du transport bas carbone, le traitement et recyclage des déchets et des eaux, …

Autre solution, plutôt pour le résidentiel, à partir des données de Nam.R, l’entreprise IN SUN We Trust (https://simulateur.insunwetrust.solar/), devenue OTOVO France, filiale de OTOVO, leader européen du solaire résidentiel, est capable à partir d’une simple adresse d’évaluer la production annuelle d’électricité photovoltaïque en kWh, le taux d’autoconsommation possible, les économies financières annuelles sur 30 ans et le coût de l’installation. Otovo propose de financer ou de louer l’installation photovoltaïque.

Toutes sortes de technologies disponibles pour une installation en toiture

Toutes sortes de solutions sont disponibles pour équiper les toitures d’installations photovoltaïques. Soprasolar, filiale de Soprema, a par exemple, développé pour les toits plats et les toitures terrasses, en neuf et en rénovation, l’association étanchéité et solaire photovoltaïque à travers sa solution SOPRASOLAR® Fix Evo.

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SOPRASOLAR FIX EVO est un procédé d’étanchéité photovoltaïque, sans percement, pour toiture terrasse avec mise en place de modules photovoltaïques sur un système de plots breveté. Soprasolar dispose également de technologies photovoltaïques légères pour les toitures trop peu résistantes pour accueillir des panneaux photovoltaïques classiques. La solution PV Soprasolar Flex est un procédé d’étanchéité photovoltaïque qui consiste en un complexe bicouche bitumineux SBS renforcé soudé en plein, intégrant des laminés photovoltaïques souples MiaSolé, collés sur l’étanchéité. Doc Soprasolar

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En France, la start-up industrielle CréaWatt Fabrick’, créée en 2020 par Jean-Nöel Gaine, a conçu le panneau PV souple et ultra-léger Luxsiol en co-développement avec la SUNMAN, ainsi que le système de fixation Easy Grip qui permet de l’installer toute toiture plane ou courbée, sans renfort de charpente. Composé de cellules mono-cristallines flexibles, Luxiol atteint 430 Wc de puissance nominale et ne pèse que 3,2 kg/m². Luxiol est garanti 12 ans, avec une garantie de rendement linéaire de 80% au bout de la 25ème année. Les panneaux Luxiol sont distribués par Larivière (https://www.lariviere.fr/nos-actualites/63-luxsiol-du-nouveau-pour-vos-chantiers-solaires.html). Doc. Larivière

Pascal Poggi pour batimédia

Pour les entreprises pressées qui disposent d’un parking, les ombrières photovoltaïques offrent une bonne solution. Selon Edouard Roblot, Directeur Bâtiment Bas Carbone chez Idex , la durée d’un chantier d’ombrières photovoltaïque est le plus souvent inférieure à 18 mois. Une installation photovoltaïque de 1000 m² sur ombrières de parking coûte environ 1,2 M€, représente une puissance de 1 MWc et produit de l’électricité à un prix de revient compris entre 100 et 140 €/MWh, selon les difficultés du chantier, durant 30 ans. Idex peut investir à la place du client et lui revendre l’électricité produite sur site à un prix fixé à l’avance et pendant 30 ans. Doc. Idex

De son côté, le groupe aquitain Inelia s’est fait une spécialité des installations photovoltaïques sur ombrières. Pour le Centre Leclerc de Langon, par exemple, INELIA s’est occupé de la conception, du développement, des procédures administratives et des travaux jusqu’à la mise en service d’une installation sur ombrières de 340 kWc de puissance nominale. La production, 100% autoconsommée par l’hypermarché, couvrira 13% de ses besoins annuels en électricité à un prix de revient de 8c€/kWh. Sur un bâtiment tertiaire à Bègles, en Gironde, Inelia a installé 60 kWc de panneaux photovoltaïques. La production sera autoconsommée à 90%, couvrira 21% des besoins du bâtiment à un coût de production de 9,5 c€/kWh.

Pascal Poggi pour batimédia

Intersolar, le plus grand salon européen consacré au solaire sous toutes ses formes, se tiendra à Munich du 14 au 16 juin prochain. Nul doute que nous y découvrirons de nouvelles solutions.