Le rôle des espaces verts et de la pierre naturelle pour les territoires

 Après la smart city, ce modèle plébiscité au début du XXIe siècle qui mettait la technologie au centre de la vie en ville, la prise de conscience de l’urgence climatique a fait émerger ces dernières années un nouvel idéal urbain : celui de la ville durable et résiliente. En France comme à l’étranger, les initiatives se multiplient pour accompagner les transitions qui aideront les villes de demain à être agréables, voire même habitables pour certaines comme Paris, où les températures pourraient bientôt exploser selon le rapport « Paris à 50°C » de la Ville de Paris.

De nombreux champs d’application permettent d’améliorer la qualité de vie en ville. Parmi eux : les espaces verts et l’utilisation de la pierre naturelle en urbanisme. Deux thématiques clés au centre des salons Paysalia et Rocalia,qui se tiendront à Lyon du 5 au 7 décembre 2023 et qui offriront aux professionnels une vue d’ensemblesur les problématiques et perspectives liées au végétal et au minéral en ville.

 La ville du futur sera basée à 80 %sur la ville déjà existante. 

Source : Réparons la ville ! Propositions pour nos villes et nos territoires, Christine Leconte et Sylvain Grisot

 RÉHABILITATION ET MÉDIATION : DEUX PILIERS DE LA VILLE DE DEMAIN

 Dans l’imaginaire collectif, la ville de demain est une ville parfaite, imaginée avec intelligence et agilité par des experts et construite en conséquence. La réalité est tout autre. « Lorsque l’on parle des villes de demain, il est important de prendre conscience que ces villes existent déjà, commente Sébastien Sperto, Directeur du CAUE Rhône Métropole. Le développement urbain via la construction de A à Z ou la démolition-reconstruction n’est plus possible, et l’enjeu aujourd’hui est de composer avec l’existant. »

 Pour relever le défi de l’objectif national « zéro artificialisation nette », qui appelle à modifier les règles d’urbanisme afin de favoriser le renouvellement urbain et la densification de l’habitat, et de renaturer les espaces artificialisés laissés à l’abandon, un large champ des possibles existe : rénovation, réhabilitation, mise aux normes, modification des usages, développement de projets mixtes… 

Pour avancer dans cette direction, reste à expliquer aux pouvoirs publics, aux professionnels de la ville et aux usagers les démarches engagées et les objectifs visés : « C’est très important d’expliquer les transitions à venir en lien avec la ville, notamment le fait que la transition ne sera pas forcément linéaire. Cette pédagogie est essentielle si l’on souhaite que les citoyens comprennent et adhèrent aux projets », déclare Anne Marchand, Présidente d’Hortis, l’association des responsables d’espaces nature en ville.

INVESTIR LES EMPLACEMENTS LIBRES, UN MOYENDE DÉVELOPPER LE VÉGÉTALEN VILLE

Baisse des températures dans les îlots de chaleur, limitation de la pollution de l’air, création d’espaces ombragés, amélioration du cycle de l’eau, bien-être des usagers… Si les bienfaits des espaces verts sont bien connus et si leur présence est devenue un critère essentiel pour le bonheur en aire urbaine, nombreuses sont les villes qui manquent d’aménagements paysagers et qui ne peuvent pas s’étendre à l’infini afin d’en créer de nouveaux. 

De plus en plus de villes investissent des lieux autrefois réservés à d’autres utilisations ou des lieux simplement laissés à l’abandon, afin de développer des nouveaux espaces verts, à proximité des habitations et des lieux de vie, comme par exemple :

  • Les terrains vagues ou les friches industrielles,qui peuvent être réhabilités afin de devenir des grands parcs ou des jardins communautaires et ainsi créerdes nouveaux lieux de vie verts et conviviaux.
  • Les toitures des immeubles, qui ont longtemps étédes espaces oubliés mais qui contribuent à la réduction des îlots de chaleur une fois végétalisés. Lorsque leur configuration le permet, certains toits peuvent être ouverts aux usagers (habitants, travailleurs…), ce qui rend la nature facilement accessible et crée des nouveaux lieux de rencontre.
  • Les espaces autour des axes de transport, comme les voies ferrées, les voies de tramway, les routes ou encore les pistes cyclables. Puisque cex axes de transport sont souvent implantés à proximité de la nature pour limiter les nuisances des habitants, il est facile d’y implanter des bandes de végétalisation où la faune et la flore pourront s’étendre.
  • Les cours d’école, où la nature reprend petit à petit ses droits avec des potagers, des jardins sensoriels et des sols perméables. En plus d’améliorer de la qualité de vie des écoliers, ces cours d’école végétalisées réduisent les îlots de chaleur et filtrent le bruit ambiant.

L’OPTIMISATION DES ESPACES PAYSAGERS EXISTANTS,UN LEVIER CLÉ POUR CONTRIBUER AU RENOUVEAU URBAIN

Un autre défi attend les villes qui souhaitent rendre la nature plus accessible : l’optimisation des espaces verts existants. « C’est important de travailler en faveur de la préservation des structures végétales existantes. Abattre et reconstruire les espaces verts existants parce qu’ils ne correspondent pas à 100 % aux normes et attente d’aujourd’hui est une erreur. La priorité aujourd’hui, pour créer la ville durable de demain, c’est d’accompagner le vivant déjà installé », affirme Sébastien Sperto, Directeur du CAUE Rhône Métropole. 

Pour réhabiliter ces espaces verts existants qui manquent d’attractivité, il est important d’impliquer les citoyens. C’est en les consultant, en recueillant leurs besoins, attentes et envies, et en faisant preuve de pédagogie autour des transitions à venir que les usagers de la ville s’approprient les projets, que les espaces verts et de loisirs sont utilisés et que la biodiversité peut s’y développer sereinement. Une mission parfois complexe, mais essentielle selon Claire Topin, Chargée de mission pour Ville & Aménagement Durable : « Je pense que le meilleur moyen d’amener les personnes à s’intéresser à un projet, c’est d’aller à leur rencontre de façon individuelle. Pour les projets d’aménagements urbains, on peut aussi imaginer des balades avec des groupes ciblés. » Un format de rencontre original qui permet d’établir un diagnostic sensoriel du lieu existant et un diagnostic d’usages actuels, et de dégager des premières pistes de réflexion pour sa réhabilitation.

& DE NOUVEAUX ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX À PRENDRE EN COMPTE

Qu’une ville choisisse de transformer des lieux délaissés en espaces verts ou de repenser un espace vert existant, elle doit réfléchir à des points essentiels comme la gestion de l’eau. « Aujourd’hui l’enjeu de la végétalisation des villes passe par une meilleure gestion de l’eau, notamment sur plusieurs points : quantité, diversité de sources, récupération, déminéralisation des sols… Le but est de favoriser des espaces de nature résilients aux changements climatiques : sécheresse, canicule, inondation, tempête, etc… Dans ce cadre, la gestion de l’eau pour les villes est une préoccupation majeures pour les années à venir. »

Autre sujet clé : le retour de la biodiversité dans ces espaces naturels urbains. Pour que les villes redeviennent des habitats favorables à la fauneet la flore, les installations se réfléchissent dès aujourd’hui. Conception de jardins favorables aux pollinisateurs, mares artificielles… De nombreuses villes ouvrent le chemin, et les initiatives inspirantesne manquent pas !

Pour répondre aux enjeux actuels et à venir de responsabilité et de durabilité, les villes ne doivent pas seulement travailler sur les espaces verts et la place de la nature en ville… D’autres champs d’action doivent être investis, parmi lesquels le bâti.

LE BÂTI, PIERRE ANGULAIRE DE LA VILLE DURABLE DE DEMAIN

La construction d’aménagements urbains (logements, lieux de vie, voirie …) génère d’importantes émissions de gaz à effet de serreet la vie quotidienne au sein des bâtiments existants entraîne une consommation d’énergie conséquente. En ville, cette réalité est accrue par la densité urbaine et les besoins en infrastructures en constante augmentation. Si les villes souhaitent avancer dans une direction plus durable et plus respectueuse de l’environnement, elles doivent faire du bâti un sujet pivot et inviter les acteurs de la ville à mettreen place des initiatives exemplaires telles que :

  • La création de bâtiments et d’espaces modulables et réversibles ;
  • La réduction ou le réemploi des déchets de construction ou de réhabilitation ;
  • L’amélioration de l’efficacité énergétique des aménagements déjà existants ;
  • L’intégration des énergies renouvelables ;
  • L’utilisation de matériaux durables comme le bois, la terre cuite ou encore la pierre naturelle…

LA PIERRE NATURELLE,UN MATÉRIAU IDÉAL POUR LES VILLES DE DEMAIN

Utilisée dans les constructions (façades, escaliers…), les aménagements paysagers (murets, fontaines), la voirie (pavage des rues, trottoirs) ou encore pour créer du mobilier urbain, la pierre naturelle est un matériau durable qui peut contribuer, à son échelle, à un environnement urbain agréable et respectueux de l’environnement.

Le fait que la pierre naturelle se décline en une multitude de couleurs, de textures et de finitions, n’est pas son seul atout.

D’abord, la pierre est une matière géosourcée très facilement recyclable, qui peut être facilement déposée d’une construction déjà existante puis réimplantée, brute ou retravaillée, dans un nouvel aménagement. Si elle est en mauvais état, elle peut également être broyée pour créer du gravier,ou encore s’intégrer dans des jardins paysagers.

La pierre naturelle présente aussi l’avantagede bien résister aux variations de température… Une propriété intéressante dans un contexte d’augmentation permanente de la température moyenne mondiale, particulièrement ressentie parles usagers la ville. C’est également un matériau qui fait face aux intempéries, de plus en plus intensesen milieu urbain, et qui peut contribuer à la gestiondes ressources, comme avec les murs en pierre sèche qui retiennent l’eau.

Enfin, faire le choix de la pierre naturelle dansune construction ou une réhabilitation contribue souvent à l’économie locale, car les caractéristiques uniques des sols de chaque région a permisle développement de filières partout en France.

Afin que la pierre naturelle soit de plus en plus utilisée dans les constructions et les réhabilitations et qu’elle remplace (lorsque c’est possible) le réflexe béton, il reste encore du chemin à parcourir.« Aujourd’hui, on remet au goût du jour des techniques constructives qui étaient utilisées il y a 100 ou 150 ans, comme la construction en pierre naturelle, et ces procédés se démocratisent de plus en plus en ville. Pour soutenir la tendance sur le long terme, il va falloir accompagner la créationdes filières, pour qu’elles génèrent des emploiset développent un modèle économique viablesur le long terme », conclut Sébastien Sperto.

DES RÉFLEXIONS DE FOND AU CENTRE DES SALONS PAYSALIA ET ROCALIA

C’est à Eurexpo Lyon, du 5 au 7 décembre 2023, que les salons Paysalia et Rocalia réuniront les collectivités publiques et privées, les professionnels du paysage et de la pierre naturelle ainsi que les prescripteurs autour d’une offre globale autour du végétal et du minéral qui n’existe nulle part ailleurs.

Parmi les temps forts qui rythmeront les deux salons, plusieurs seront dédiés aux enjeux et perspectivesde la ville de demain :

PAYSALIA

  • La finale du concours Carré des Jardiniers mettra en lumière la place du végétal en ville, comme en témoigne le thème de cette édition 2023 « Biodiver’Cité : Comment habiter la ville de demain ? »
  • La Journée “Ville Verte”, organisée le jeudi 7 décembre en partenariat avec Hortis, la CNVVF et l’AITF, permettra de visiter virtuellement trois réalisations d’espaces verts remarquables en ville.
  • Un cycle de conférences, pilotées par l’Unep, abordera de nombreux sujets en lien avec la végétalisation des villes et d’autres conférences sur la gestion de l’eauou encore sur la biodiversité seront susceptibles d’aborder des sujets en lien avec les zones urbaines.
  • Paysalia Innovation Booster permettra aux prescripteurs, collectivités et professionnels du paysage de découvrir les dernières innovations qui leur permettront demain d’optimiser leur gestion des espaces verts.
  • Le village biodiversité & environnement offrira un lieu d’échanges dédié aux questions liées à la biodiversité et à l’environnement.

ROCALIA

  • Plusieurs cycles de conférences seront organisésautour des sujets de l’économie circulaire et de la pierre locale, et pourront concerner les villes :IG et aménagements urbains ; réemploi, recyclage de la pierre ; éco-mobilité, etc.
  • La FFPS et les Compagnons du Devoir feront la démonstration de deux projets de constructionqui peuvent être répliqués en ville.
  • Le concours “Construire en pierre naturelle”, qui a pour objectif de valoriser le travail des architectes, consacre un critère aux problématiques d’aménagement urbain.