114 logements posés sur le périphérique parisien

Porte Brancion à Paris, Woodeum construit un foyer pour jeunes travailleurs en bois massif, dessiné par l’Agence d’architectes Hardel & Le Bihan. Stora Enso fournit les parois et les planchers en CLT. Les poutres et les poteaux sont en lamellé-collé.

Issue du concours « Inventons la Métropole du Grand Paris » organisé par la Métropole du Grand Paris, Hosta, sera une résidence R+8 de 114 logements étudiants avec des espaces partagés et deux commerces en rez-de-chaussée. Grande particularité, la parcelle est littéralement à cheval sur le périphérique parisien entre la Porte Brancion à Paris et la commune de Vanves.

Pascal Poggi pour Batimédia

Cette dalle de couverture du boulevard périphérique – la dalle Ouest – offrait une surface de 1040 m² dans le 15ème arrondissement de Paris. C’était l’un des sites proposés par le premier appel à projet « Inventons la Métropole du Grand Paris ». A l’Ouest du site, le Parc des expositions de la Porte de Versailles a entrepris en 2015 de grands travaux de modernisation avec notamment la création d’un grand centre de congrès et de nouveaux hôtels situés avenue de la porte de la Plaine. A l’Est du site, de l’autre côté du faisceau ferré, à la porte de Vanves, le boulevard périphérique a été couvert et la dalle accueille le jardin public Anna Marly inauguré en 2013. ©2023Google

Pascal Poggi pour Batimédia

La situation de la parcelle, en fait constituée d’un pont au-dessus du boulevard périphérique, a naturellement fortement orienté le choix des concepteurs. Les tabliers du pont ont été arasés et le bâtiment est posé sur le pont. Tout le poids du bâtiment est ramené aux piles du pont et ne repose pas sur la partie vide du pont au-dessus du périphérique. Les fondations sont une simple dalle béton, posée sans cage métallique. La dalle béton est plus armée que d’habitude au cas où les joints de dilatation du pont travailleraient. Le pont est en permanence monitoré par des capteurs pour vérifier d’éventuels mouvements de structure. ©Hardel & Le Bihan

Des précautions inhabituelles

Le BE Terrell à Boulogne-Billancourt s’est chargé des études de structure, tandis qu’AIDA, rue Saint-Bernard dans le Xième arrondissement de Paris, a réalisé toutes les études et simulations acoustiques. Pour minimiser le poids du bâtiment, deux mesures ont été prises très rapidement par le Maître d’Ouvrage et les concepteurs : construire en bois et remplacer la cage d’escalier et d’ascenseur traditionnellement en béton par une ossature acier. Cette structure ne traverse pas la dalle et est complètement indépendante de la charge de la structure bois du bâtiment. Le bâtiment est deux fois moins lourd que s’il avait été construit en béton : 400 kg/m², contre 1500 kg/m² en moyenne en béton. L’emploi du bois plutôt que du béton a évité l’émission de 2100 tonnes de CO2eq. Afin de réduire l’empreinte carbone des bâtiments construits avec ses solutions, Stora Enso a choisi le site d’Hosta comme projet pilote en Europe, pour tester la livraison d’une partie du CLT par train depuis son usine d’Ybbs, en Autriche, jusqu’en France. Le « dernier kilomètre » entre l’entrepôt ferroviaire et le chantier est effectué par camion.

Pascal Poggi pour Batimédia

Comme le périphérique en dessous du chantier est une voie extrêmement passante, le chantier est bâché sur trois côtés. A l’ouest, juste au-dessus du périphérique, la plateforme de l’échafaudage offre une profondeur de 4 m, afin d’éviter qu’un objet, un outil, … ne tombe sur le périphérique et cause un accident. ©PP

Pascal Poggi pour Batimédia
Pascal Poggi pour Batimédia

La cage acier au centre abrite les ascenseurs et les escaliers. Pour absorber les vibrations du périphérique en dessous, des couches résilientes sont posées entre le béton de la dalle et les structures métalliques, entre la dalle et l’accrochage des poteaux bois, entre la dalle et les murs en CLT (Cross-Laminated Timber, des planches croisées et collées) et, à chaque étage, entre les planchers en CLT et leurs supports, ainsi qu’entre les planchers CLT et la structure métallique au centre du bâtiment. ©PP

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Lamellé-collé et CLT

Hormis la structure métallique au centre, tout le bâtiment est construit en poteaux et poutres lamellées-collées, en cloison et plancher en CLT et a nécessité 1000 pièces de bois. Comme le précise Mathieu Robert, directeur de la division Building Solutions de Stora Enso, « 390 pièces en CLT sont fournies par le groupe Stora Enso », un grand spécialiste mondial de tout ce qui est biosourcé ou en bois, dont des solutions de construction bois. « 30 rotations de camions ont été nécessaire pour livrer le gros-œuvre. Les livraisons ont commencé en Avril pour se terminer fin août, soit 3 mois et demi », poursuit-il.

Pascal Poggi pour Batimédia

Les éléments bois, ainsi que la structure métallique, sont façonnés, équipés et posés par Aux Charpentiers de France (ACDF Industrie), installés à Villebon-sur-Yvette dans le 91. Stora Enso a pris une participation de 35% du capital de cette société sœur en Mai 2022. ©PP

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Il a fallu un mois et demi aux équipes d’ACDF pour implanter et monter le premier niveau, qui est un niveau double avec mezzanine. Ensuite, dix jours suffisent pour monter chacun des niveaux supplémentaires. ©PP

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Les planchers font appel à des panneaux de CLT à 7 plis, complétés par des chapes sèches. ©PP

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En partie haute du premier niveau, des poutres en lamellé-collé de 1,8 m de hauteur contribuent à reprendre les efforts des 7 niveaux au-dessus. Leur hygrométrie a été contrôlée avant leur pose, ainsi que celle de tous les ouvrages en bois qui seront encapsulés dans le cadre de la protection anti-incendie de la structure. ©PP

Pascal Poggi pour Batimédia
Pascal Poggi pour Batimédia

Les ferrures des assemblages des poteaux et poutres bois mesurent 1,55 m sur les assemblages diagonaux et 2 m entre la tête de poteau et la poutre principale. ©PP

Pascal Poggi pour Batimédia

La toiture terrasse, accessible et végétalisée, sera en CLT, avec une partie bois-béton à l’emplacement des CTA (Centrales de Traitement d’Air) pour résister à leurs vibrations. ©PP

Dépôt de permis en 2021, livraison en 2024

Woodeum a été lauréat de l’Appel à Projet « Inventons la Métropole du Grand Paris » pour cette parcelle en 2017. Une longue période d’études a ensuite été nécessaire en raison des particularités du site, avec des allers-retours entre Woodeum, le promoteur, trois architectes chez Hardel & Le Bihan, les BE structure (Terrell) et acoustique (AIDA) et Pouget Consultants qui agissait à la fois comme BE thermique et fluides et comme AMO environnemental.

Le permis de construire a été accordé en Mai 2021. Jeux Olympiques obligent, la Mairie de Paris a un peu fait de forcing pour que le bâtiment soit livré, propre, balayé, équipé en Mars 2024.

En raison de son emplacement, le bâtiment est équipé de CTA double-flux avec filtration de l’air neuf par charbon actif. L’eau chaude sanitaire sera produite par une pompe à chaleur Intuis utilisant du R290. Le bâtiment utilise du chauffage électrique direct – des radiateurs à détection de présence.

©Hardel Le Bihan Architectes

Pour garantir un parfait confort acoustique, le bâtiment sera équipé d’une double-peau en aluminium qui sera, ainsi que les menuiseries aluminium simple peau, livrée et posée par GH (Clisson, 44). La peau intérieure comportera des fenêtres bois et des occultations fournies et posées par Billiet (Bierne, 59). ©Hardel Le Bihan Architectes

©Hardel Le Bihan Architectes

Côté périphérique, le bâtiment est pourvu d’une coursive à chaque niveau, derrière la double-peau fermée et ventilée par les CTA en toiture. Elle offre quelques espaces communs, des circulations et fournit surtout une protection supplémentaire contre les bruits du boulevard périphérique. ©Hardel Le Bihan Architectes

Pascal Poggi pour Batimédia

Comme l’explique Julien Pemezec, Président du Directoire de Woodeum – second en partant de la droite – « Ce projet concrétise un travail de plus de 5 ans qui nous permet aujourd’hui de réaliser un ouvrage hors normes au-dessus du boulevard périphérique parisien, participant à la requalification de la Porte Brancion. Il illustre la formidable capacité d’innovation et le savoir-faire technique unique des équipes de Woodeum et de ses partenaires. » A gauche, David Bertal, responsable technique de Woodeum, assure le suivi du chantier pour le Maître d’Ouvrage. Second en partant de la gauche, Bastien Malneaux chez ACDF est chargé des études de prix et conduit les travaux depuis leur début, il y a cinq mois. Tout à Droite, Mathieu Robert de Stora Enso. ©PP

Le bâtiment est vendu au bailleur social RIVP (Régie Immobilière de la Ville de Paris) qui exploitera directement ce foyer de jeunes travailleurs. Le foyer, dessiné par l’Agence d’architectes Hardel & Le Bihan, disposera d’espaces partagés ainsi que de deux commerces en rez-de-chaussée. Le traitement de l’air et la qualité des usages ont fait l’objet d’études et de mesures approfondies afin d’obtenir la certification NF Habitat HQE et respecte la charte ECRAINS. Le bâtiment vise également un très haut niveau de performance environnementale et thermique par l’atteinte du label EFFINERGIE +, le respect du plan climat Air Energie de la ville de Paris, la certification E+C- niveau E2C2 et enfin le label BBCA**, comme l’ensemble des réalisations de Woodeum. Encore peu connue, la méthode ECRAINS, développée par l’ADEME, est une démarche portant sur la qualité de l’air intérieur (QAI) et destinée à satisfaire une approche préventive de la santé dans le bâtiment. Elle vise à limiter durablement les émissions de polluants à la source et à pérenniser la qualité des ambiances intérieures.

Depuis sa création en 2014, Woodeum, propriété à 100% d’Altarea depuis février 2003, est un promoteur immobilier engagé qui imagine, développe et commercialise des immeubles écologiques de nouvelle génération en bois massif et à faible empreinte carbone.

Mi-juin 2023, Woodeum a signé deux accords de partenariat stratégiques avec le groupe Stora Enso et avec PiveteauBois, sécurisant l’approvisionnement de 125 000m³ de bois, issus de forêts gérées durablement. Ce volume d’une ampleur inédite sur le marché français permettra ainsi au promoteur spécialiste de pouvoir réaliser jusqu’à 7 000 logements en structure bois d’ici 2027.